Nous quittons donc l'île de Chiloe pour regagner le continent: en partant de Castro, le ferry se faufile entre les îles durant 8heures, pour nous déposer à Chaiten de nuit. C'est ici que nous faisons nos premiers pas sur la Carretera Austral, cette route épique considérée comme une des plus belles du continent et qui sillonne entre mer et montagne, sur 1200km, villes et villages du sud, anciennement isolés, et parcs régionaux. Sa construction commanditée par le géneral Pinochet demanda 10 ans de travaux.
Au petit matin, nous nous retrouvons sous la pluie, le pouce tendu sur cette fameuse route, décapant notre premier préjugé: nous qui nous attendions à du goudron, c'est plutôt cailloux et poussière. destination du jour: les thermes El Amarillo, 25 km plus bas, une bagatelle pour les autostoppeurs chevronnés que nous sommes! 1h après et 4 voitures plus tard, on est toujours au même point: cette route, pourtant la seule, ne semble pas si fréquentée que ça.... 1 voiture et 1h de marche plus tard et nous voilà plongés dans une piscine naturelle où la température avoisine les 38 degrés, au pied de la Cordillière, pur moment de réconfort après l'effort....
Le lendemain, réveil sous un big soleil, plongeon dans la pscine pour entamer dans les meilleures conditions notre aventure vers le ventisquero (glacier). Sur les conseils de nos potes Max & Manuel, 2 vieux baroudeurs, nous nous engageons sur un sentier peu fréquenté où, quelques km plus loin, nous croisons le 4x4 de Rob l'Australien et Ana l'Allemande, eux aussi à le recherche du chemin menant au glacier. Nous continuons notre chemin en nous interrogeant sur la fiabilité de notre direction, et voilà que le 4x4 réapparait: renseignement pris en aval, le glacier se trouve dans une toute autre direction. Rob et Ana sont revenus nous prendre et nous emmènent sur le droit chemin, 15km plus loin On a vraiment trop de chance, sans eux, on aurait pu le chercher toute la journée, ce foutu glacier... Après 2km et 1h de marche des plus ardues, nous débouchons dans une vallée fluviale où la vue qui s'offre à nous nous coupe le souffle: au fond, l'imposant ventisquero, géant de glace, domine la vallée. Il nous semble si proche et pourtant, rien n'est fait car 10km nous sépare de la glace. Armés de bouts de bois (objet sacré du randonneur mal équipé) nous traversons de nombreux ruisseaux, sautons de caillou en caillou, nous nous battons sans cesse contre nos pieds, irrésistiblement attirés par l'eau certes limpide mais surtout glaciale de ce territoire hostile, déserté par l'homme et surtout par les McDo. Nous ferons demi-tour avant de toucher la glace car certains ruisseaux sont trop profonds, ce qui ne nous empèche pas de profiter du paysage, du calme et du soleil. le retour jusqu'aux thermes se fera finalement à pied, Rob et Ana, mieux équipés, ayant décider de continuer jusqu'au pied du glacier. dernier plongeon de nuit et par pleine lune dans les bassins d'eau chaude pour détendre nos muscles endoloris par ces 30km, puis on s'échoue sur nos matelas comme des baleines sur la plage, trop vannés.....
Au 30ème jour de notre périple, la journée s'annonce tranquille, un premier pick-up nous épargne les 5 premiers km pour rejoindre la Carretera Austral, où un 2ème pick-up nous dépose une vingtaine de km plus loin, sur le trajet, pas une maison, juste la route et sa poussière, à peine assez large pour 2 véhicules côte à côte. on se retrouve au milieu de rien et les rares véhicules qui passent ne s'arrètent plus, on décide d'avancer un peu, une bonne heure de marche en plein caniard nous amène à un camping. Terrassés par la fatigue, les épaules démontées par les sacs, et rien à l'horizon, ca ressemble pour nous à la fin du calvaire. Et pourtant on remet ca car trop cher... La prochaine ville est à 25km, c'est une camionnette qui nous y conduit: Santa Lucia, 50 habitants.... On y trouve un mini-marché et un jeune Israëlien qui nous refile son plan hébergement: camping gratos dans le jardin d'une señora.
Rendez-vous pris pour le petit- dèj à 8h30, le bus passe à 9h, une journée de trève de stop nous parait raisonnable. La Carretera Austral se montre dans cette région encore plus abrupte et dangereuse: virages serrés où la végetation abondante masque toute vision, zones d'éboulement, les amortisseurs du minibus sont morts et nous faisons des bonds sur nos sièges, le tout dans des paysages terribles. Plus on descend et plus il pleut, en 3h, on a traversé 2 villages et parcouru 100km, le bus nous lache à l'entrée du Parc national Queulat où nous espérons faire quelques bonnes randonnées. Nous sommes les seuls à l'horizon, hormis les gardes forestiers, 2jours d'attente que la pluie cesse, parqués dans notre tente auprès du feu et rationnement alimentaire obligatoire. Le 3ème jour, toujours pas de soleil mais plus de pluie, nous en profitons pour partir à la conquête d'un nouveau glacier, on vous laisse juger....
1 commentaire:
Ma...gni...fique, ou ifiiiique comme dirait mamar en Choletais.
( Je l'encourage a lui aussi créer un blog ).
Vivement que vous arriviez a Copacabana !
Jean-Christophe Victor
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