Voilà une semaine qu'on a pris les sacs à dos, on est enfin "sur la route". Notre mode de transport principal, le stop, fonctionne bien, très bien même puisque ca nous a permis parfois de nous rendre sans trop poireauter et sans trop d'effort dans des lieux plutot reculés ou nous voulions aller. Par la même occasion, nous avons rencontré une multitude de Chiliens qui nous ont fait partagé leurs connaissances des lieux; certains n'hésitent pas à s'arrêter en plein milieu de la nationale pour nous faire admirer le paysage ou nous fournir quelques explications sur les caractéristiques de certains endroits. En fait, on est en plein territoire mapuche, peuple indigène qui,par son histoire, tient une place importante dans l'histoire du Chili. Ils sont ceux qu'on pourrait appeler communément les Indiens mais par respect pour eux, ici, on préfère le terme d'indigènes. Che = peuple; Mapu = terre, ces hommes de la terre ont toujours farouchement résisté aux différentes invasions, par les Incas puis les Espagnols. Aujourd'hui encore, ils luttent pour se faire reconnaitre et préserver leur territoire. On a pu se rendre compte de la richesse et de la beauté de ces terres, nous avons campé plusieurs fois au bord de lacs magnifiques (lagos Lleu Lleu et Budi) où règne une tranquilité qu'il serait bien impossible de retranscrire.
Désireux de faire le tour du lac Lleu Lleu, nous avons été pris en stop à la sortie du camping par la famille Salazar qui parle très bien francais ( ils ont vécu 6 ans en France). Ruben le père nous propse très vite de poser notre tente dans ce qu'il appelle "le plus bel endroit du monde". Nous sortons des sentiers battus pour atterrir dans une maison de vacances que Ruben a construit pour réunir sa famille et ses amis (ils sont d'ailleurs une vingtaine en ce moment). A flan de colline, la maison surplombe le lac pour nous offrir une vue imprenable. En bas de l'escalier, on accède directement au lac, ils ont installé un ponton pour pouvoir profiter pleinement de la baignade. Toujours le même problème: difficile de décrire cet endroit magique... Aventure surréaliste au sein de ce groupe qui nous accueille avec simplicité et enthousiasme (2 francais débarquant de nulle part en pleine "réunion" de famille et d'amis ne semble étonner personne et ne modifie en rien leur comportement). On a tout de suite été intégrés à toutes les activités: barbecue à volonté (poisson, viandes, vin rouge, humitas...), conversations, scotchage au bord du lac, la once...
Faut vous expliquer que les Chiliens déjeunent vers 14h, dinent vers 22h, ce qui fait qu'entre les 2, ils ont un creux et prennent ce qu'ils appellent la once vers 17-18h: café ou thé, avocats, tomates, omelettes... C'est à cette occasion que nous avons gouté au maté. On a enchainé sur la soirée avec zic, danse et karaoké jusqu'à pas d'heure, la soirée se terminant pour nous par une partie de poker. On repart le lendemain, une nouvelle fois bein nourris, et raccompagnés en pick-up jusqu'à la route par le grand-père. Bonne expérience pour nous, très riche en échanges, on prend quelques adresses et RDV sur le chemin du retour...
Toutefois, comme chaque aventure sur la route, nous traversons des moments plus durs car le Chili offre des territoires où les routes goudronnées disparaissent pour faire place à des voies caillouteuses et poussiéreuses où bien évidemment les voitures se font rares. Dans notre quête vers le sud, nous sommes obligés d'avancer à la force de nos guibolles, chargés de notre seul capital immobilier (1tente, 2duvets, qq fringues), suffisant à nous broyer les épaules quand de longues marches s'imposent. Relief montagneux, heureusement que Vincent a eu dans sa jeunesse un entrainement intensif dans la cote de chez Perdreau (en territoire soulairien où seuls des surhommes ont pu survivre, laissant ainsi les territoires frontaliers comme Montreuil et Avrillé aux civillisations plus primitives) à remonter inlassablement son skate quand il faisait partie de la mythique confrérie des Aigles de la Route.
Comme le stop ne fonctionne plus très bien dans ces zones, on se rabat parfois sur le bus, qui a un réseau hyper développé car il déssert tous les coins, même les plus reculés. Et même quand notre flair (quasi aussi infaillible que celui de DD et son fidèle Zibrox) nous fait fausse route, l'ingéniosité des relations humaines et la concertation nous remmettent toujoursdans la bonne direction. Lors d'un de nos périples autour du lac Budi, on se retrouve dans un bus de Mapuches où on nous fait coñprendre que nos calculs, loin d'être ceux d'un astrophysicien, sont aussi improbables que de découvrir un amas de galaxies à l'aide des ordinateurs plutot puissants, les MO5. On est dans uine impasse intersidérale et là, une porte interdimensionnelle s'ouvre à nous quand un jeune Mapuche propose de nous guider à travers la "jungle" afin que nous puissions arriver dans les temps à un embarcadère où un bateau passe uniquement le mardi à 16h30 et le vendredi. Comme par hasard, on est mardi et il est 14h. Une marche longue et douloureuse nous attend dans ce magnifique espace qui nous fait béboucher au fameux embarcadère, notre salut. Cette journée fut pour nous aussi harassante qu'une semaine de boulot et de teuf pour David Clémenceau (en Mapuche: Clé = fiente et menceau = volaille, mais ca peut aussi se dire selon les variations locales: A.Gri-Gnard), grand homme roux typé méditerranéen issu d'une famille de cajins qui, plus que tout autre, ne laissera qu'une image pitoyable de l'espèce humaine.
Souhaitant une nuit calme et reposante, on se pose dans un camping a priori bien tranquille au bord du lac, en réalité, dès la tombée de la nuit, Mabrouk et ses 30 millions d'amis nous convièrent à une chorale en canon, ce qui nous permis d'étudier en détail les atomes qui composent chaque fibre du toit de notre tente. Tout de facon, on comprend vite que quand c'est pas les clebs, c'est au mieux les vaches ou les anes ou, au pire, la technologie automobile ou radiophonique qui nous pourrit les oreilles. Toutes les caisses ici sont armées d'une ouverture/fermeture automatique à distance des portes qui génère une sorte d'alarme "musicale" a`plusieurs tonalités parfois plus de 10 secondes. Ils aiment à en jouer, un peu comme chez nous Mamar ou Yann aiment à faire ronfler leur R5 tunée pour frimer.
Après cette nuit, ils reprennent la route: le grand photographe Vincent Nédélec, apellé par ses confrères "le touriste japonais" et l'éminent herboristologue Marie Lheureux, dite "le sachet de thé", éternelle conmtestataire de l'opulence pharmaceutique sur laquelle règnent les clans Mazel-Hervé qui, outrepassant allègrement la déontologie professionnelle et l'éthique humaine, n´hésitent pas, entre autres, à maltraiter les stagiaires. Dernier procès en cours l'affaire Landais, cette jeune femme qui, suite aux sévices qu'elle a subit, est désormais atteinte de paralysie mentale, ce qui l'empêche d'exercer sa profession. Pour combattre sa douleur, une seule thérapie: jouer au solitaire et cirer les banquettes du bar du centre. Pour lui venir en aide, vous pouvez signer la pétition sur
www.sauverceline.com Après ces 440 km, nous sommes aujourd'hui à Villarica, entre le lac, le volcan et les sources chaudes.
Pas de photos pour cette fois-ci, impossible d'installer le logiciel permettant de transferer les photos vers l'ordinateur.