lundi 26 mars 2007

suite et fin de la Carretera Austral

A Cohaique, près de la moitié de la population de la région vit (50 000 hab.), c'est donc le lieu où se poser quelques jours pour se laver, faire une lessive (ça devenait urgent), se débarrasser d'un surpoids inutile dans les sacs à dos et se munir de vêtements plus chauds. Après une halte et malgré les nombreuses difficultés: voitures rares, chemin chaotique, temps incertain et pluie menacante, incertitude du lieu d'arrivée, nous décidons de tenter la descente de la Carretera Austral jusqu'au bout en stop, car c'est pour nous le moyen de transport le plus en adéquation avec la vision de notre voyage: toutes ces incertitudes nous guident au hasard des rencontres humaines et des paysages avec plus de magie et d'authenticité que d'enchainer terminal de bus sur terminal de bus, avec les contraintes horaires et pécunières que cela implique.

Notre flair ne nous a pas trompés: de Cohaique à Cochrane, nous sautons de véhicules en véhicules pour atterrir 330 km plus en bas en à peine 10 h, sachant que le bus plus au nord met 10 h à desservir 430 km, vu l'état de la route. On peut à l'arrière d'une camionette, en plein vent, admirer le paronama sur 360°; se taper en brin de discussion avec le conducteur; rester bien peinards au fond d'un fourgon; prendre des photos quand le conducteur propose un arrêt... toutes les options sont les bienvenues. A flanc de coline (de Cordillère), la route oscille entre sommets enneigés, glaciers, lacs et rivières. Nous longeons le rio Baker, le plus grand fleuve Chilien et le plus puissant également: le projet d'y installer 4 centrales hydroélectriques soulève pas mal de polémiques dans la région car beaucoup d'associations de défenseurs de la nature s'y opposent; pourtant il semble une fois de plus que le pouvoir de l'argent mettra à mal les conscienses écologiques...

Le lendemain, la Carretera Austral va se montrer plus hostile: malgré un bon départ, les 40 km qui nous reste à parcourir sont des plus galère: les voitures se raréfient, nous marchons plusieurs heures, sous une pluie incessante, nous obligeant à revêtir nos capes "sacs poubelle" et les Chiliens nous voyant ainsi trempés guennés avec notre dégaine de sac d'ordures ménagères, opèrent spontanément un tri sélectif: visiblement, on s'est gourrés de couleur de sac. Finalement on est ramassés et déposés à Caleta Tortel (photo ci-jointe), village hallucinant de 550 habitants, classé monument national. Y a de quoi!
Isolée dans les profondeurs de la patagonie chilienne et construite à flanc de collines autour d'une baie tranquille du Pacifique, Tortel était uniquement accessible par bateau jusqu'en 2003. Une route conduit désormait au patelin mais les véhicules doivent rester sur le parking à l'entrée car seul un labyrinthe de passerelles et d'escaliers en bois permet de circuler à l'intérieur du village. Ca monte, ca descend, ca glisse...


Le lieu dégage une atmosphère mystérieuse de par son isolement géographique, son taux élevé de pluviométrie (il pleut toute l'année quasi tous les jours) et sa construction si pittoresque, c'est à se demander qu'est-ce qui a bien pu motiver les gens à venir s'installer dans ce trou.

Hector, un restaurateur, nous donne quelques clés et nous dévoile la face cachée de ce hameau a priori si paisible et charmant: quelques familles s'engrossant par consanguinité détiennent le pouvoir underground de Tortel, ce qui entraine quelques conflits décisionels, mésententes et rivalités, comme si des gangs consanguins (photo ci-jointe de la reine des consanguins, Maria Feliz) se disputaient le corum au sein de la populace.
Le kiosque touristique et l'office de tourisme quasi fantomatiques, nous fournissent des renseignements évasifs et à nos yeux enigmatiques, on commence à comprendre que quitter ce trou semble relever de l'hypothético-illusionisme.





Au resto d'Hector, nous invitons le seul individu présent à manger à notre table: José photographe Chilien (photo ci-jointe), quitte les lieux dans quelques heures avec son véhicule, il propose de faire un détour de 20 bornes (1h de trajet!) pour nous déposer à notre prochaine étape. On saute sur l'occasion pour se retrouver à Puerto Yungay , passage obligatoire pour continuer notre route.







Nous quittons l'isolement de Tortel et atterrissons une nouvelle fois dans un néant intersidéral où vivent une poignée de militaires et une seule famille Papa Mamam y Damary 4 ans (photo ci-jointe). C'est pas compliqué pour savoir à qui s'adresser pour connaitre les horaires du ferry, le lendemain. Ils ont tout prévu, ils louent même de quoi se loger. On y passe la nuit, ce qui engendre une augmentation de la population d'environ 1/5 ème!

Tout ici impose le respect face à la nature, on se sent bien petits voire vulnérables face à l'énormité des paysages. Le caractère hostile et intransigeant qu'impose la Carretera Austral pour se déplacer et y vivre renforce notre envie de parcourir ce joyau brut et abrupt.

En attendant le ferry, nous nous attelons à trouver un conducteur qui pourrait nous déposer à Villa O'Higgins, 100 km plus loin après la traversée en bateau, persuadés que tous les véhicules présents s'y rendent, vu que c'est le seul patelin existant sur ce tronçon de route. Grosse désillusion: soit ils ont pas de place, soit ils vont bosser dans la forêt soient ils mentent! On traverse tout de même, transpercés de nombreux doutes quand à notre arrivée à Villa O'Higgins le soir même, convaincus qu'il va nous falloir effectuer les 100 km à pied. Notre infime espoir réside dans la possibilité qu'un véhicule débarquant avec le second ferry dans l'après midi veuille bien nous prendre. Une fois de l'autre coté, grâce aux autochtones, nous arrivons à avancer d'une trentaine de Km, pour nous c'est une journée de marche de gagné sur les 4 qu'on commence difficilement à envisager... Donc on avance, esseulés dans ces reliefs, les heures passent vite, les kilomètres moins. Pause déjeuner au bord d'un ruisseau qui fournit l'eau pour les pâtes, la cascade et la faune environnante comme seule compagnie. L'eau bout, nous percevons un lointain bruit de moteur: véhicule? hélico? mirage? Nous ne savons plus très bien. Un camion blanc fait surface, pour nous c'est peine perdue, on leur a déjà demandé, ils sont deux, pas de place pour nous, on retourne aux fourneaux, tranquillement assis sur nos pierres. Le camion s'arrête, nous demande des nouvelles, ils blabatent entre eux, et là l'improbable se produit: ils nous proposent de cheminer avec eux jusqu'à Villa O'Higgins.

On sait pas trop où ils vont nous caser mais c'est le branle-bas-de combat: on jette la flotte, on remballe tout en 30 secondes et nous nous retrouvons à l'arrière du camion, coincés entre matelas, cartons et bidons de fuel, avec pour seules lumière et vue sur l'extérieur des mini fenêtres grillagées. Notre seul moyen de communication avec nos super héros batman & robin est de taper contre la paroi de la batcamiobil. Ballotés de tous les côtés et aggripés à notre pauvre grillage, on traverse des paysages de plus en plus psychédéliquement indescriptibles.... On finit par s'empaffer sur nos sacs, entre 2 caisses car malgré l'inconfortabilté du cametard, le côté usant de la Caretera Austral reprend ses droits.

Quand on émerge on est à Villa O'Higgins, on descend du camion et on se retrouve nez à nez avec un cheval en liberté, à l'entrée du village pommé au bout de la Caretera Austral. Il nous faut bien une bonne dizaine de minutes pour retrouver nos esprits, puis partir en quête du mosco, une hospedaje qu'on nous a chaudement recommandée à deux reprises. On pose nos sacs et on part directement s'informer auprès de l'office du tourisme et de l'agence de bateau pour savoir comment enchainer notre périple. Villa O'Higgins est la dernière "ville" de la Carretera Austral, les deux seules alternatives que nous avons est soit de rebrousser chemin, soit de traverser le lac O'Higgins (le plus profond du pays: 900 mètres) puis de marcher une vingtaine de kilomètres avant de traverser le lago del Desierto pour ensuite retrouver une route argentine jusqu'à El chalten. Bien évidemment, fous amoureux et mazo de cette région, on n' a pas du tout envie de rebrousser chemin; d'ailleurs, on était bien informés, nous savons que le bateau effectue la traversée du lac O'Higgins les mercredis et samedis. On est mardi, tout va pour le mieux.
Et pourtant, jusqu'au bout, la Carretera Austral se montre des plus attachantes: depuis une semaine, on est en basse saison, ya plus qu'un seul départ par semaine, évidement le samedi. Nous voilà donc coincés ici pendant 3 jours! Au mosco, on se retrouve avec Jorge le gérant, un espagnol tombé amoureux du coin, et Bruni, sa compagne. Michel, français exilé depuis 20 ans sur le continent américain à la quête du plus beau saumon et du "chacun vit sa vie" et Marissa, sa compagne argentine. Ya aussi Michelle, réunionnaise, qui enchaine contretemps sur contretemps, elle aussi se retrouve bloquée ici comme nous après avoir poirauté 3 jours à Tortel, car bien qu'ayant une réservation de bus pour en sortire, il n'est jamais venu la chercher (il semble que l'on vous a déjà dit que c'était balaise dans sortir!).

On profite de cette pause forcée pour partir à la rencontre de paysages inlassablement fantastiques.




Le mercredi nous partons à la conquète d'un sentier toujours pour nous seuls surplombant la vallée, avec vue imprenable sur les glaciers Huemul et Mosco, les lagunes... Rien à ajouter, vous y êtes pas, "vous pouvez pas comprendre".









Le jeudi, une nouvelle aventure nous attend, direction le glacier El Mosco avec Michelle. Au programme 3h 1/2 pour accéder au refuge où nous dormons puis le lendemain debout de bonne heure pour aller jusqu'au glacier et revenir au village. C'est lassant à dire mais pas à voir, les paysages sont vraiment intraitables avec nos pupilles. Malheureusement nous n'irons pas jusqu'au glacier car le passage est bien trop technique pour nous. Néanmoins nous effectuerons par chance des rencontres imprévues avec quelques animaux du coin (le huemul: sorte de cerf et le cabure: petit rapace de 20 centimètres).





Le samedi départ en bateau pour Candelaria Mansilla, on attend ça depuis mercredi. Vu que désormais on n'est pas à 1/2 journée près et que le temps est avec nous, on décide de prendre part à l'excursion en bateau avec lequel nous avons embarqué (plus une dizaine de personnes) et qui fait un détour par le glacier O'Higgins .


Et là......!!! Ca sert plus à rien de décrire, pour nous on s'est retrouver à contempler le plus beau paysage de notre petite vie, zigzagant entre les icebergs, on a approché le glacier à 500 mètres et déjà il paraissait monstrueux. Vieux de plus de plus de 10 000 ans, ce monstre de glace est désormais en récession à cause des changements cliamatiques, comme tous les autres glaciers du monde. Haut de 80 mètres, et profond de 550 mètres, il couvre sur une étendue de 80 km jusqu'au Pacifique, ce qui lui confère une superficie de 3 000 km2, autant dire qu'on en prend plein la vue et qu'on est désormais persuadés que ce moment nous accompagnera de nombreuses années.


Après cette aventure, nous débarquons en fin de journée à Candelaria Mansilla, où une nouvelle fois, vivent seulement Papa, 93ans, Maman, 80ans et Ricardo, 40ans et 4 carabineros qui s'occupent du contrôle des passagers traversant la frontière chilienne.
Nous y logeons pour la nuit et négocions avec Ricardo pour qu'il emmène à cheval nos sacs à dos jusqu'au poste frontière argentin, 22 km plus loin, tandis que nous ferons le chemin à pied, 6 heures de marche, une bagatelle pour nous désormais. Nous effectuons le parcours de plus en plus seuls au monde, de bon rythme, s'enfoncant au coeur de la Patagonie sans savoir si nous suivons le bon chemin étant donné le balisage déplorable... On n'arrive au bout, devant le lago Del desierto:


et la douane argentine, il est 16h30, le bateau est à 18h, tout va bien. Peinards et soulagés d'être arrivés, nous allons sagement faire tamponner nos passeports, et là, perdus au milieu de rien, les carabineros argentins nous expliquent gentiment mais fermement qu'ils ne peuvent pas nous laisser passer car on n'a pas le tampon de sortie du territoire chilien. On est dégoutés, nos forces nous lachent, on comprend seulement maintenant qu'on a zappé le poste frontalier chilien, 22 km en arrière. Toutefois, le bateau de 18 heures qui devait nous emmener nous, Michelle plus 2 cycliste autrichiens, ne passera pas ce soir à cause du mauvais temps. Dans le speed, aucun autre choix ne s'offre à nous sinon que de rebrousser chemin avant la tombée de la nuit. A première vue c'est irréalisable, nous nous organisons rapidement: Marie rebrousse chemin avec Ricardo à cheval tandis que Vincent, grand seigneur des marathons patagoniens, utilise le reste de ses forces pour tenter de rallier les 22km en courant après les 6 heures de marche que nous venons de nous taper.... ( il y arrive en 1heure "non c'est pas vrai"). Par chance on est au Chili, Ricardo ne nous laisse pas tomber et retrouve à mi-chemin son troupeau de chevaux paturant en liberté. Le temps d'en arnacher un pour Vincent, nous effectuons le reste du trajet tous les 3 au petit trot, ce qui vaudra à Vincent quelques brulures aux fesses et de nombreuses contractures dorsales. On arrive en 2 h 30 à l'hospedaje, trempés guennés, sans aucune fringue de rechange, nous réussissons à faire tamponner nos passeports avant la tombée de la nuit. Quand on revient dans cette famille, on pue, surtout des pieds, la mamam nous prète ses paires de chaussettes propres. Nous dinons en famille, c'est l'anniversaire de Ricardo, grand moment de plaisir dans cette journée si difficile.

Néanmoins, au petit matin il nous faut repartir afin d'atteindre au plus vite la frontière argentine, afin d'obtenir notre autorisation de sortie et pouvoir traverser le lago Del desierto. Nous effectuons selon Ricardo un des records des 22 km avec touristes, traversant forêt, ruisseaux,... Trot, galop, tout pour démonter voire même finir le corps de Vincent (sa dernière petite chevauchée remonte à l'âge de 12ans).

Au poste douanier argentin, Michelle et les autrichiens sont toujours là, eux ont dormi chez les carabineros, on a juste le temps de récupérer nos sacs et de sauter dans le bateau qui nous emmène de l'autre côté du lago Del Desierto (on comprend mieux maintenant pourquoi il s'appelle comme ça). Un bus nous attend, quelle surprise! Désormais, on est rodés avec les changements de programme imprévus et toutes les connexions semblent incertaines.
On arrive, toujours puants, à El Chalten, pas moyen de retirer des pesos argentins donc on décide de nous bouger au plus vite, direction El Calafate. Ici coté argentin, on hallucine: on vient de débarquer dans un autre monde, notre vie de cajuns est brutalement stoppée: ça pue le touriste, tout est préfabriqué. A peine sortis de Mad Max on se retrouve en plein coeur de Disneyland, le choc pour nous est violent.

Nous tentons quand même l'aventure vers El Perito Moreno, le glacier du coin. Seule alternative pour les voyageurs que nous sommes: prendre un bus touristique, cher et bondé de touristes. Nous nous retrouvons devant une autre merveille du monde, avec un nouveau goût jusque là inconnu: l'amertume: l'organisation touristique. Quand un bloc de glace se décroche du glacier pour fondre dans la mer et former un iceberg (une merveille), notre cher public d'étrangers s'extasient de plaisir, frappant dans les mains et poussant des Waouh à tout va, comme si on était devant un spectacle de Donald et Mickey qui s'enculent.






Rien de tel pour nous decevoir, tant la Carretera Austral n'était pas un ennemi mais un ami (silence, la nature vit). Nous repartons au plus vite direction Puerto Natales, en pleine nostalgie des paysages sauvages que nous avons traversés. Nous réservons un vol direction Concepcion, mettant un terme à notre quête du Sud, préférant écouter notre flair infaillible qui nous suggère fortement de se barrer de ce piège à cons. Nous sommes de retour à Concepcion depuis dimanche, ne vous inquiètez pas on a encore de nombreux plans baroude sous le coude....


vendredi 9 mars 2007

On the boat

Nous quittons donc l'île de Chiloe pour regagner le continent: en partant de Castro, le ferry se faufile entre les îles durant 8heures, pour nous déposer à Chaiten de nuit. C'est ici que nous faisons nos premiers pas sur la Carretera Austral, cette route épique considérée comme une des plus belles du continent et qui sillonne entre mer et montagne, sur 1200km, villes et villages du sud, anciennement isolés, et parcs régionaux. Sa construction commanditée par le géneral Pinochet demanda 10 ans de travaux.
Au petit matin, nous nous retrouvons sous la pluie, le pouce tendu sur cette fameuse route, décapant notre premier préjugé: nous qui nous attendions à du goudron, c'est plutôt cailloux et poussière. destination du jour: les thermes El Amarillo, 25 km plus bas, une bagatelle pour les autostoppeurs chevronnés que nous sommes! 1h après et 4 voitures plus tard, on est toujours au même point: cette route, pourtant la seule, ne semble pas si fréquentée que ça.... 1 voiture et 1h de marche plus tard et nous voilà plongés dans une piscine naturelle où la température avoisine les 38 degrés, au pied de la Cordillière, pur moment de réconfort après l'effort....
Le lendemain, réveil sous un big soleil, plongeon dans la pscine pour entamer dans les meilleures conditions notre aventure vers le ventisquero (glacier). Sur les conseils de nos potes Max & Manuel, 2 vieux baroudeurs, nous nous engageons sur un sentier peu fréquenté où, quelques km plus loin, nous croisons le 4x4 de Rob l'Australien et Ana l'Allemande, eux aussi à le recherche du chemin menant au glacier. Nous continuons notre chemin en nous interrogeant sur la fiabilité de notre direction, et voilà que le 4x4 réapparait: renseignement pris en aval, le glacier se trouve dans une toute autre direction. Rob et Ana sont revenus nous prendre et nous emmènent sur le droit chemin, 15km plus loin On a vraiment trop de chance, sans eux, on aurait pu le chercher toute la journée, ce foutu glacier... Après 2km et 1h de marche des plus ardues, nous débouchons dans une vallée fluviale où la vue qui s'offre à nous nous coupe le souffle: au fond, l'imposant ventisquero, géant de glace, domine la vallée. Il nous semble si proche et pourtant, rien n'est fait car 10km nous sépare de la glace. Armés de bouts de bois (objet sacré du randonneur mal équipé) nous traversons de nombreux ruisseaux, sautons de caillou en caillou, nous nous battons sans cesse contre nos pieds, irrésistiblement attirés par l'eau certes limpide mais surtout glaciale de ce territoire hostile, déserté par l'homme et surtout par les McDo. Nous ferons demi-tour avant de toucher la glace car certains ruisseaux sont trop profonds, ce qui ne nous empèche pas de profiter du paysage, du calme et du soleil. le retour jusqu'aux thermes se fera finalement à pied, Rob et Ana, mieux équipés, ayant décider de continuer jusqu'au pied du glacier. dernier plongeon de nuit et par pleine lune dans les bassins d'eau chaude pour détendre nos muscles endoloris par ces 30km, puis on s'échoue sur nos matelas comme des baleines sur la plage, trop vannés.....
Au 30ème jour de notre périple, la journée s'annonce tranquille, un premier pick-up nous épargne les 5 premiers km pour rejoindre la Carretera Austral, où un 2ème pick-up nous dépose une vingtaine de km plus loin, sur le trajet, pas une maison, juste la route et sa poussière, à peine assez large pour 2 véhicules côte à côte. on se retrouve au milieu de rien et les rares véhicules qui passent ne s'arrètent plus, on décide d'avancer un peu, une bonne heure de marche en plein caniard nous amène à un camping. Terrassés par la fatigue, les épaules démontées par les sacs, et rien à l'horizon, ca ressemble pour nous à la fin du calvaire. Et pourtant on remet ca car trop cher... La prochaine ville est à 25km, c'est une camionnette qui nous y conduit: Santa Lucia, 50 habitants.... On y trouve un mini-marché et un jeune Israëlien qui nous refile son plan hébergement: camping gratos dans le jardin d'une señora.
Rendez-vous pris pour le petit- dèj à 8h30, le bus passe à 9h, une journée de trève de stop nous parait raisonnable. La Carretera Austral se montre dans cette région encore plus abrupte et dangereuse: virages serrés où la végetation abondante masque toute vision, zones d'éboulement, les amortisseurs du minibus sont morts et nous faisons des bonds sur nos sièges, le tout dans des paysages terribles. Plus on descend et plus il pleut, en 3h, on a traversé 2 villages et parcouru 100km, le bus nous lache à l'entrée du Parc national Queulat où nous espérons faire quelques bonnes randonnées. Nous sommes les seuls à l'horizon, hormis les gardes forestiers, 2jours d'attente que la pluie cesse, parqués dans notre tente auprès du feu et rationnement alimentaire obligatoire. Le 3ème jour, toujours pas de soleil mais plus de pluie, nous en profitons pour partir à la conquête d'un nouveau glacier, on vous laisse juger....

Parque pumalin y su ventisquero, con el sol.
















Parque Queulat et son glacier, une journée sous la pluie.


Palafitos de Castro.